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Ce sont de longs mois d’enfermement et de résistance de la capitale parisienne que Pierre de L’Estoile raconte dans ce volume. Entre 1592 et 1594, une fièvre obsidionale s’empare des ligueurs qui font régner un climat de terreur dans Paris. Les prédicateurs parisiens s’en prennent au roi Henri IV, mais aussi aux catholiques discrètement favorables à sa conversion et à sa reconnaissance. La délation, le soupçon, la violence, le désordre social règnent dans la capitale. Le mémorialiste décrit la violence verbale des curés ligueurs et se fait l’exégète de leurs dérives doctrinales grossières. Il évoque le déroulement des Etats généraux de la Ligue de 1593 qui se terminent dans la confusion. Après deux sièges, de nombreuses négociations et menées secrètes, une conversion encadrée par de doctes théologiens, le souverain fait son entrée dans Paris. A la répression et à la vengeance, le roi préfère sans nul doute user du rire et se moquer finement ou ouvertement de ses anciens ennemis. Ce diaire, établi conformément aux manuscrits originaux, se caractérise par son exceptionnelle richesse située à la croisée des savoirs les plus variés. Il justifie la démarche interdisciplinaire de l’édition, à laquelle participent des spécialistes en histoire, en littérature et en lexicographie.
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S’il ne résistait pas aux nouvelles sensationnelles diffusées par les libelles qu’il collectionnait, Pierre de L’Estoile, Grand audiencier au parlement de Paris, ne marquait pas moins un goût comparable pour l’observation de l’actualité et les curiosités de la vie politique de Paris. La période abordée par ce premier volume du Registre-journal du règne de Henri IV couvre les années 1589-1591. L’auteur ouvre son récit sur les conséquences du régicide et les circonstances du siège militaire de la capitale jusqu’à la fin de l’année 1591 avec la reprise en main de la ville par le duc de Mayenne. Au gré des événements qui bouleversent les représentations traditionnelles de l’ordre social et judiciaire, mais avec une lucidité particulière, L’Estoile nous dévoile un univers dangereux et sectaire. La cité ligueuse, plongée dans le chaos, forme un monde clos, travaillé par la peur, les inimitiés, l’opportunisme et les ambitions déçues.
Ce diaire, établi conformément aux manuscrits originaux, se caractérise par son exceptionnelle richesse située à la croisée des savoirs les plus variés. Il justifie la démarche interdisciplinaire de l’édition, à laquelle participent des spécialistes en histoire, en littérature et en lexicographie.
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Témoin oculaire d'un monde catholique menacé, Sébastien Le Pelletier, prêtre et humble maître de grammaire, s'est lancé en 1589 dans la rédaction d'une histoire de la ville de Chartres et de ses environs pendant les guerres de la Ligue. Il y décrit, dans le détail, les événements liés au siège de la ville par les armées de Henri IV, la résistance ligueuse et la reprise en main vigoureuse de la cité mariale par les royaux. Prêtre austère, Le Pelletier livre aussi ses impressions sur ses adversaires calvinistes et sur la politique religieuse du roi de France dans les circonstances troublées de son avènement. Xavier Le Person accompagne l'édition critique de ce riche manuscrit, original et inédit, d'une introduction, d'une annotation dense et d'un index.
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Les hommes du temps d’Henri III dénonçaient souvent dans leurs écrits les «practiques» et «menées» du roi et des grands, qualifiant ainsi des agissements ou des comportements dissimulés, faits de ruse, de théâtralité et de duplicité qui corrompaient les relations d’amitié, de fidélité et d’obéissance. Si le temps des troubles de la Ligue fut celui de la violence, il fut aussi celui de la persuasion: les princes tramaient et défaisaient incessamment toutes sortes d’entreprises en «jouant» de leur influence. C’est à «ces grandz qui ne font traffique que de simulation», qui cachent leurs desseins derrière les masques de leur visage, que cette étude s’intéresse. Elle aborde les techniques de l’influence, les usages ambivalents du langage, les comportements équivoques destinés à persuader ou à tromper autrui. Elle s’attache à mettre en situation l’action et les propos du souverain et des gentilshommes dans le cadre concret de quelques affaires politiques analys©es dans le détail. Fondée principalement sur des sources épistolaires ou des relations écrites au plus près des événements, elle tente de restituer l’ambiance d’un univers politique de la fin du XVIe siècle traversé par la rumeur qui, souvet manipulée, changeait et influençait sans cesse leurs décisions ou leurs actions. Le pouvoir et la puissance politique reposaient aussi sur la force des apparences.
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Connu des historiens comme un précieux témoignage sur la montée des tensions religieuses à Paris et sur l’histoire des premières guerres de religion au tournant des années 1560, le journal de Nicolas Brûlart, chanoine de Notre-Dame et maître des Requêtes au Parlement de Paris n’avait été publié que partiellement au XVIIIe siècle par Denis-François Secousse dans le recueil des Mémoires de Condé. Après une interruption entre 1569 et 1588, ce " bon catholique ", admirateur des Guises et sympathisant de la Ligue, s’est remis à écrire lors des Barricades de mai 1588 jusqu’à la levée du siège de Paris par Henri IV en 1590. C’est cette partie originale du journal, inédite et inconnue de l’historiographie récente sur l’histoire de Paris, sur la magistrature ou sur la Ligue parisienne, que nous publions, annotée et précédée d’une introduction, présentant l’histoire et les caractéristiques du document et retraçant à partir de sources manuscrites et d’archives la double carrière ecclésiastique et parlementaire de ce frère aîné de Pierre Brûlart, secrétaire d’État d’Henri III.